Des origines de l’esprit du Web 2.0 et de la révolution actuelle

Ce que signifie, pour moi, l’avènement des réseaux sociaux

Des origines de l’esprit du Web 2.0 et de la révolution actuelle« Femme » © Photo : Jacques Bourget

C’est la naissance d’une culture libre, d’une zone de contact et de partage. Cette apparition est le fruit d’une réalité datant de quatre décennies. Elle a servi à construire une société d'initiatives et de solidarités, où tous peuvent oeuvrer à leur processus de création et d’évolution, forgeant ainsi de nouveaux publics participatifs et créatifs qui instaurent des modèles de démocratie culturelle.

On a dit que les environnements que j'ai créés au cours des années 1960 et 1970 font partie des origines des cybermondes. Ils m’ont permis de faire en sorte que l’on passe de la sculpture cinétique à la sculpture cybernétique. C’est en favorisant l’art et la science de la gouverne simultanée de l’agir humain en interaction avec les éléments de son environnement — et ses “ feedback ” — que j’y suis parvenu. C’est la création, poussée à son maximum par une suite de contacts, métissée à la sensibilité, aux actions humaines et à l’intervention des toutes dernières technologies, qui m’ont permis d’établir les bases de ce nouveau moyen de communication. Cela a mis en oeuvre l’immatérialité d’une démocratie participative, entraînant un droit et un devoir d'interagir, de cocréer, voire de créer un monde nouveau pour un Homme nouveau. Cela, au sein de différents quartiers de la nouvelle nature urbaine. À ce moment précis de notre histoire un nouvel esprit est né. Il a amorcé une nouvelle vague de fond qui, s'aventurant sur les chemins de la démocratie, s'amplifie de jour en jour.
Ainsi, une explosion de productivité et d'innovations s'est produite depuis. Elle résulte d’un métissage d'idées, d’actions, d'expériences, de situations, de passions vécues et de témoignages de vies sociales, privées, voire intimes de la part de tous les citoyens engagés et non seulement d'une partie de la population que représente l’élite. Ceci a permis la création d’un authentique art populaire de la plus haute intensité. Ces puissances créatrices et collaboratrices évoluent présentement sur un chemin de non-retour. Elles ont pour but de parvenir à des communautés d'esprit qui engendrent une conscience collective jamais atteinte auparavant et qui propulse la société actuelle au pinacle de la démocratie. L’idéal de cette dernière n’est-il pas d’atteindre le bien commun universel? Si l’environnement artistique favorisait localement les liens humains, avec le Web tous sont seuls ensemble. Même si les deux médias diffèrent quant au local et à l’international et quant au contact direct et au contact à distance, les paradigmes ou les archétypes principaux établis par l’univers de l’environnement plastique, c’est-à-dire l’interaction, la participation, la cocréation et la création pure, sont les mêmes. Quant à l’esprit — la liberté de penser et d’agir, la fraternité, la solidarité, l’égalité, et le partage — c’est aussi le cas.
En étant également multidisciplinaire, le nouveau réseau social, incarné par l’instauration de l’environnement participatif au cours des années 1960, a donc précédé de plusieurs décennies, l’ensemble des techniques que représente le World Wide Web interactif. Au coeur d’une nouvelle ère d’émancipation individuelle et collective, cette vaste entreprise anthropologique a provoqué une mutation culturelle, qui est une des importantes sources de transformation de la vie quotidienne, qui a changé le monde. Depuis ses origines, seul le média a changé. Il a multiplié les espoirs de potentialités de régénérescence de l’humain, de la culture et de la nature, au sein de nos sociétés actuelles, les répandant à l’échelle planétaire. En témoignent les actions citoyennes et le printemps de la démocratie de notre société et de celles qui s’agitent au coeur des cités de la planète bleue tout entière.

Maurice Demers
Avril 2012